gemini://unbon.cafe/lejun/posts/20230223

Plus qu’une société de consommation, nous baignons dans l’information. Phénomène amplifié par le capitalisme, mais déjà présent aux origines connues de l’humanité, il est d’usage de capturer les informations qui nous entourent sous diverses formes – la plus récente se faisant par le biais du smartphone.

Capturer des informations c’est pouvoir y accéder et les valoriser par la suite[1]. Mais c’est également, et dans un usage plus général, le partage. Que ce soit avec des proches, des collègues, des connaissances… Ce qu’assure remarquablement bien les technologies d’enregistrement photo, vidéo, audio… contrairement aux mediums textuels et vocaux seuls – et bien suffisant selon moi[2]. Utiliser un appareil de capture, c’est participer à la chasse : La chasse à l’Information, celle qui a ses codes et règles qui permettront, un temps tout au plus, de posséder une chose unique qui permette de nous définir.

Je souligne l’aspect temporel de cette Information qui sera nécessairement partagée par la suite. Par définition, toute information qui n’est pas partagée peut être vu comme une forme de silotage de l’information et d’égoisme au mieux, un mensonge entâchant son image aux yeux des autres au pire. Une information existe-t’elle seulement tant qu’elle n’est pas capturée et vérifiée suite à un partage ? Quid de l'information ou de l'outil[3] ? Schrödinger en parlera mieux que moi.

Le phénomène est d’autant plus exacerbé par Internet. Outil singulier donnant accès aux personnes l’utilisant à l’équivalent humain d’un esprit de ruche. Autrefois limité d’accès par le matériel fixe, il est dorénavant constamment à portée de main… dans les pays riches du moins. Tant pis pour les autres. C’est le jeu ma pauvr’ Lucette et si t’es pas capable de te donner les moyens d’avoir accès à Internet c’est que tu le mérite sûrement pas, c’est pas à moi de te donner la becquée.

Cet accès constant à la capture dans un environnement social nous y encourageant entraîne irrémédiablement une expansion des connaissances. Ou du moins de la quantité d’informations enregistrées. Mais y a-t’il seulement des usages de celles-ci ? Alors qu’on gagne accès à des capteurs de plus en plus avancés et d’autant plus d’informations[4], quand s’arrêtera cette chasse ?

J’ai pour souvenir d’un outil datant des années 2005 qui permettait de comparer sa photographie à d’autres d’un même lieu, mettant en avant à la fois l’aspect de vérifiabilité mais également de futilité de l’excercice tant les clichés étaient similaires et n’apportaient rien de nouveau… Je n’ai pas réussi à retrouver la référence, n’hésitez pas à me contactez si vous avez une idée.

> N’est pas plus ignorante de sa propre situation que la cerise dans le clafouti. (Professeur de géologie au sujet de l’expansion de l’Univers, 2016)

Cette course à la capture lorsque poursuivie activement amène à des conséquences de par l’incompatibilité d’avoir à la fois une vue objective et subjective d’un évènement. Toute observation dépend non seulement de ses éléments acteurs mais également, et d’importance égale, de la référence d’observation (voir loi de la relativité). À quel moment cette quête de documentation devient-elle une obsession néfaste ? Un individu peut-il être acteur et observateur de manière simultanée ? Quand faut-il décider de ranger son appareil et observer via ses propres capteurs organiques, aussi rudimentaires soit-ils ?

> J’aime bien la photographie mais, tant pis, ce sera pour une autre vie. Je me remplis les yeux et lorsque je veux me rappeler d’un moment particulier, je sors mon carnet et je prend note. (Ploum, 2009)[5]

Si la valeur de l’information repose sur son partage, que resterait-il de nous une fois l’intégralité de nos éléments partagés via un dossier flottant quelque part sur Internet ?[6] En marge de ce flux, existent des personnes pour qui la surconnexion est devenue un obstacle[7][8].

Capture d’informations

2023-02-23

Gotta catch’em all

Et ensuite ?

Références