Éthique du design réactif

2023-01-11

Le « design réactif » est une expression technique visant à décrire un site qui s’adapte aux différents medium de consultation et ainsi répondre à une progression de la consommation via appareils connectés. Le contenu est rendu fluide et son agencement varie en fonction, entre autres, de la taille de l’écran.

Clés d’adaptation

La technologie CSS3 media queries est une extension de la règle @media visant à adapter la mise en page. Différentes mises en pages sont établies en fonction de « points de ruptures » (l’équivalent technique de personas).

Il existe aujourd’hui de nombreux frameworks de CSS réactif permettant de rendre son site réactif à l’aide d’un ensemble de règles, pour ma part, ésotériques. J’y vois néanmoins une soupe de « standards »entravant une navigation selon un comportement uniforme de la mise en page, pour reprendre l’exemple ci dessus, est considéré comme format mobile :

sous 768 px avec Bootstrap ;

sous 600 px avec Materialize ;

Sous 600 px avec Foundation ;

sous 550 px avec Skeleton.

À chaque fois évidemment en tenant compte de la définition de l’écran – à ne pas confondre avec la résolution. En terme de catégories sur ces frameworks courants, on dénombre de 4 à 7 types d’appareils possibles, du mobile jusqu’au desktop HD en passant – évidemment – par la tablette et la phablette (?). À quand la prise en charge de l’écran de mon frigo ou de mon Tamagotchi ?

Tout cet engouement n’a pas échappé au secteur du Javascript à qui s’ouvre un nouveau terrain de jeu. Ce qui, rappelons le, est un langage de programmation en vient à être appelé pour des tâches aussi basiques que l’affichage d’un menu.

Une forme de technosolutionnisme ?

Lorsqu’un ressaut de trottoir est trop élevé, la solution ne semble pas être de mettre à disposition des rampes de lancement à proximité. Si l’usage des mains venait à se démocratiser pour se déplacer, faudrait-il repenser les trottoirs ou proposer des gants ?

Sur le raisonnement qu’une absence de rampe sur un escalier ne se résoud pas via des propulseurs sur les fauteuils roulants, cette orientation vers la complexification ne me plaît guère et je préfèrerai toujours la simplification en mettant simplement la rampe.

Évidemment le lien entre outil et usage est à double-sens. Mais poursuivre dans cette direction ne me semble que rajouter de la complexité là où elle n’a pas lieu d’être, en est la preuve ce contenu que vous lisez sans une ligne de CSS. Là où chaque individu est libre d’avoir ses préférences de consommation, il ne me paraît pas sain que cela crée des contraintes techniques sur les personnes créant le contenu plutôt – Cela augmentant considérablement le seuil d’entrée à la publication sur le web, réduisant ainsi la diversité notamment en censurant les personnes moins technophiles – que sur les outils de consommation.

De même, chaque individu est libre de consommer le contenu qu’il désire. Pour autant, je pense utile qu’en tant que technophiles, cela soit notre responsabilité que de prodiguer une meilleur orientation dans les habitudes de consommation en refusant notamment d’assouplir des standards. En particulier lorsque cela a finalité d’encourager des mauvais comportements tels que la connexion à outrance via une floppée d’appareils constamment connectés. Existe-t’il seulement une charte de développement responsable ?

Je me positionne en faveur d’un écosystème diversifié. Pour autant, mon côté conservateur – et minimaliste – me pousse à croire que ce type de développement n’est au mieux qu’un pansement sur une plaie où creuse encore la perceuse.