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De l’élégance du texte brut


2022-01-24


> Dans l’économie de l’attention, la meilleure façon de gagner est de ne pas jouer.


En parlant des éditeurs de texte[1] j’ai expliqué qu’une raison principale me poussant à utiliser nano tenait des besoins de simplicité, et de portabilité auxquels répond le texte brut. Simple dans l’idée, c'est un outil redoutable sans nécessiter différentes surcouches créant plus de problèmes que de solutions.


Contenu texte


Le texte permet d’échanger des informations, non seulement entre usagers par le biais visuel de l’écran, mais également de manière plus abstraite entre la personne et la machine.


Dans un cas comme dans l’autre, l’information est formatée de manière à suivre une grammaire, permettant sa compréhension. On en trouve des formes classiques comme pour l'Espéranto[2] mais également très rudimentaire comme pour le toki pona[3].


Imaginons qu'Alice écrit à Bob, qui reçoit et lit l’information de manière simple et efficace. Ce modèle fait abstraction du medium de communication.


Généralement par le biais oral ou visuel, il existe de nombreuses manières de transmettre des informations, et le numérique englobe toute une famille de vecteurs. Ces derniers nécessitent que l’information transite par un appareil électronique, et ainsi une transformation des données sous une forme binaire. Un caractère correspond à une séquence de 0 et de 1, composant ainsi mots et phrases.


À cela, s’ajoutent les différentes informations possibles au texte, telles que la date, la personne à l’origine, la langue, etc. Tant d’informations qui doivent être fournies à la machine d’une manière qu’elle comprendra, généralement par le biais d’une codification stricte. De la même manière peuvent être indiquées les informations de mise en page, la taille de la fonte, des marges, des paragraphes, quelle partie doit être surlignée, soulignée et ainsi de suite. Il n'est alors plus question du contenu même mais de son contexte.


Surcouche et formatage


Les éditeurs classiques, dits WYSIWYG, répondent aux critères dictés par l’Économie de l’Attention. Les utiliser semble intuitif, leur interface est attrayante, et le résultat obtenu ne pose que rarement de surprise.


À ce propos j’ai toujours soufflé du nez pendant ma scolarité non pas à l’encontre des collègues s’essayant au ComicSansMs, mais plutôt des responsables souhaitant une mise en page précise mais ne prenant pas la peine de fournir les feuilles de style adéquates ce qui aurait permis de gagner un temps considérable, m’est avis qu’en dehors du cadre de l’apprentissage de la mise en page, cela montre une certaine incompétence de ces personnes qui font mine de faire les choses correctement. Le cœur de mon cursus n'étant pas l'apprentissage des éditeurs de texte, je n'ai eu aucun scrupule à monter moi-même des modèles que j'ai ensuite partagé à qui souhaitait gagner du temps de mise en page.


Aussi clair que le résultat puisse être, la personne lambda se voit bridée à deux méthodes de travail peu efficaces :


Ou il est nécessaire de constamment jongler entre le clavier et la souris de manière à mettre en page au fur et à mesure que le contenu soit rédigé. Dieu sait que c’est long de retrouver des icônes au milieu de ces interfaces regorgeant de fonctions aussi obscures que situationnelles ;

Ou il faut suivre la séparation du contenu de la forme au pied de la lettre et ne réaliser cette dernière qu'après rédaction.


Ces éditeurs, comme leur nom l'indique, ne sont pas adaptés à la rédaction. À vouloir remplir toutes les fonctions, on s’encombre de restrictions. Dans le cas des logiciels de traitement de texte, cela s’explique notamment par la volonté, tout à fait louable, d’accessibilité en cachant l’envers du décor derrière des couches. Ce faisant, il est aisé d’obtenir des résultats, mais difficile d’obtenir plus atteint un certain niveau. Ajoutez couches, surcouches, et couches de surcouches sur couches… vous obtiendrez un outil lourd, encombrant et inapte à évoluer. En sont preuves la non compatibilité des formats de fichier par les logiciels de traitement de texte, ainsi que la taille des fichiers créés – Qui ne sont ni plus ni moins que des archives amalgamées de fichiers.


Balisage


Nécessaires à la machine, les balises ne font pas partie du langage humain et ne doivent en conséquence pas le brider. La codification par le biais de balises apporte des métadonnées, un contexte.


Apport bienvenu, il alourdit cependant l’information et pousse à oublier d’en questionner l’usage et la valeur ajoutée au message[4]. Combien de temps encore devrons-nous subir les attaques sensorielles que sont les abus d’italique, de gras et de majuscules ? Combien de personnes m’ont dit constamment mettre leur texte en gras par « soucis de lisibilité » alors que l’origine du problème vient probablement d’ailleurs – Au hasard de vouloir afficher du texte de taille minuscule sur des écrans 4k plus grands qu’un lit ?


Ces informations constituent un apport non négligeable sur l’authenticité de l’information et un monde en texte brut me paraît difficilement concevable malgré l’attractivité de la pseudo-objectivité que cela apporterait. C'est d'ailleurs sur ce point que s'est attaqué (et cassé les dents) l'idée d'un Web Sémantique[5]


Profondément marqué par la philosophie TeX, par l’abus de mise en forme, ou un peu des deux, j’ai acquis ce besoin constant de séparer le contenu de la forme. Je me suis tourné vers un entre deux, des langages de balisage allégés. Je pense notamment à TeX, MarkDown(s), GemText, mais il en existe pour tous les goûts et de toutes les couleurs ! Ces langages présentent divers avantages dont le fait de permettre un minimum de mise en forme, tout en restant lisible sans machine. Simple dans l’idée, ces types de fichiers sont naturellement légers et présentent une grande portabilité. Mais simplicité n’est pas synonyme d’absence de fonctionnalité, loin de là. Aussi, il existe de nombreuses manières de construire au sein de ces limites, que ce soit pour la comptabilité[6], la cuisine[7], et de nombreuses autres situations[8].


Un commentaire néanmoins sur la portabilité : ce n'est pas la présence d'une documentation riche qui sous-tend la conversion entre les formats (Il suffirait alors de programmes plus robustes) mais plus simplement les différents niveaux de contexte, de fonctions, qu'elles offrent. Impossible de convertir un fichier TeX complexe en GemText plus simple sans s'attendre à une perte, ce qui n'empêche en rien le contraire. C'est sûr cette logique que j'émets des réserves sur l'idée de rédiger du contenu dans un format riche pour ensuite le tronquer sous un format plus simple[9]. En rédigeant mes idées, je choisi de fournir un certain niveau de contexte ; Ce serait presque mentir que de « brutaliser » le contenu en perdant des subtilités intrinsèques.


Le texte est un formidable vecteur d’information. À lui seul, il est capable de transmettre de manière simple et efficace. Il peut bénéficier de l’usage d’informations supplémentaires garantissant son authenticité, mais la recherche d’accessibilité, et de course à l’audimat ont transformé celles-ci de telle sorte à rendre du texte simple austère. Radicalement non-éthique, cela a également pour conséquence un alourdissement des fichiers échangés sur Internet ainsi que des pratiques du monde physique. Cela n’est heureusement pas une fatalité et existent de nombreuses alternatives à cela, comme des formes plus légères de communication qui, bien que simples, répondent parfaitement aux besoins vraiment essentiels.


Références


[1] Éditeur de texte, LeJun 2022

[2] Esperanto: la internacia lingvo, Universala Esperanto-Asocio 2022

[3] toki pona, LeJun 2023

[4] The Best Tool for Writing? Plain Text, The University of Edinburgh 2015

[5] Semantic Web, LeJun 2023

[6] Comptabilité en Texte Brut, LeJun 2022

[7] Language de balisage Cooklang, LeJun 2022

[8] PlainTextProject : Tools

[9] Mes outils d'écriture, Ortie 2023

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