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mille et une nuits- volume 1- L'inquiet- Un film de Miguel Gomes- Avec Christina Alfaiate, Joana de Verona, Gonçalo Waddington, carloto Cotta, Adriano Luz

marché a toujours tort


"-Tu trouves juste que tes impôts servent à payer un service de santé obscur et puant?

-Je ne peux pas parler. Je suis en cdd."


Le film se déroule au Portugal en 2013.

Le pays est sous le coup des mesures d'austérité imposées par l'union européenne et s'enfonce dans la crise.

Voulant témoigner de cette misère sociale, un réalisateur entreprend de filmer la condition des travailleurs portugais.

Il souhaite filmer en parallèle ces ouvriers en déshérence résistants comme il peuvent à la fermeture de leur chantier naval et la vie de cet apiculteur combattant seul l'invasion des guêpes asiatiques qui tuent ses abeilles.

Mais gêné par les autorités du chantier naval et soudain frappé d'une prise de conscience quant à la potentielle insincérité de son projet, le réalisateur quitte brutalement le tournage et son équipe.

Voulant échapper au jugement des membres du tournage qu'il a abandonnés, il invoque alors les mille et une nuits et Schéhérazade, qui reporte sa mise à mort en narrant des histoires au Grand Vizir.

Elle devient alors narratrice et nous conte plusieurs récits qui illustrent les difficultés du Portugal.


J'ai mis en exergue ce dialogue du film entre un vieux syndicaliste et une infirmière car il fait écho à une situation que traverse la France en ce moment.

J'ai un peu les mêmes interrogations que le cinéaste du film : comment peut on être heureux soi même, lorsque sa situation personnelle pourrait presque le permettre, quand dans le même temps, autour de soi les gens ne vont pas bien et les choses se dégradent pour beaucoup?

La catastrophique expérience libérale que nous subissons In vivo tels des rats de laboratoires depuis un moment déja, me fonde à croire que seuls les plus individualistes, les coeurs les plus durs, peuvent se satisfaire d'une situation confortable pour eux au détriment du reste.

Ils ne sont pas nombreux, je l'espère, et notre devoir individualiste, dans le sens où charité bien ordonné commence par soi même, devrait être de tout faire pour empêcher leur bon plaisir obtenu à si grand frais.


Je m'emporte peut être un peu, je déborde sur la politique, mais le film est traversé par cette énergie, du moins dans une de ses histoires qui moque les membres de la troïka européenne et les dépeints en "peine à jouir" impuissants.


Le film choisis d'opposer l'imaginaire au réel, et il ne se restreint pas en la matière : Plusieurs histoires sont entremêlées, les narrateurs changent, et l'on passe parfois du coq à l'âne (Il y a un coq qui devient narrateur dans le film).

C'est une forme qu'on retrouve dans certains romans anciens et notamment dans le livre les Mille et une Nuits.

Le réalisateur s'est pourtant inspiré d'histoire véridiques, qu'il faisait collecter par une équipe de journalistes, pour ensuite s'en inspirer.


On sent la volonté chez le réalisateur de prendre le pouls de la situation de son pays.

La narration éclatée lui permet de naviguer entre toutes ces situations humaines, et il parvient à capter quelques chose de vrai chez les gens qu'il filme.

Tellement qu'on aurait presque envie qu'il laisse tourner sa caméra, sans s'encombrer des artifices du cinéma.


Le film comporte trois volets, je n'ai pour l'heure vu que le tome 1.

J'ai envie de voir la suite, avec le secret espoir que l'auteur s'efface au profit des gens qu'il filme et à qui il rend hommage.

Car le film rentre clairement dans la catégorie "cinéma d'auteur", ce cinéma qui donne souvent de film parfois un peu empesés, ou trop sérieux.

Si le cinéaste parvient à dépasser son cadre, il pourrait bien être l'auteur, enfin du premier film d'auteur "populaire" de l'histoire du cinéma.

J'exagère, mais le volume 1 de ce film est un hommage sincère aux gens de son pays par Miguel Gomes et c'est l'aspect du film que j'ai préféré.

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