L'inspecteur Ginko est en charge d'organiser la protection d'un convoi de dix millions de dollars, butin convoité par le voleur Diabolik, un truand de haut vol.

Ginko met en place un stratagème de diversion, mais son plan est déjoué par diabolik qui s'envole avec l'argent.

La nouvelle fait grand bruit et en haut lieu on s'inquiète de l'impunité du brigand.

De son côté, repu, diabolik célèbre son triomphe dans son repaire secret en compagnie d'Eva sa comparse et compagne.

Les autorités décident alors de passer à la vitesse supérieure pour contrer Diabolik, le ministre de l'intérieur est remplacé, et la peine de mort est rétablie temporairement.

L'inspecteur Ginko est maintenu a son poste, à charge pour lui d'arrêter Diabolik par tous moyens.

Il faut reconnaitre le talent de Mario Bava : Il est à mes yeux comme un joaillier très doué, capable de travailler n'importe quelle matière brute puis de la polir méticuleusement jusqu'à en faire un bel objet qu'on aurait pas honte d'arborer.

Dans sa catégorie, le cinéma d'exploitation,il est indéniable qu'il fait figure d'artisan hors pair, celui qui peux à lui seul donner ses lettres de noblesses à l'ensemble de la profession.

Même si je n'ai pas vu l'ensemble de sa filmographie loin de là, je suis à chaque fois surpris par le soin qu'il apporte à ces films, il y a toujours une élégance dans le geste, une maitrise.

Tourné en 1968, le film est l'adaptation d'une bande dessinée italienne qui était en vogue à l'époque.

Le film est un genre de parangon de l'esthétique pop des années soixante, presque une somme de tous ce qui se faisait à cette époque.

Le "super méchant" Diabolik est jeune, il semble vouloir remettre en cause l'ordre établi plus qu'il n'aime l'argent et avec son amoureuse Eva il forme un couple "groovy" comme dirait Austin powers.

C'est intéressant de constater que Mario Bava avait 54 ans lorsqu'il tourne ce film, on peut imaginer qu'il n'était pas totalement en phase avec les revendications de la jeunesse d'alors, pourtant en vrai artiste, il intègre les bouleversement esthétiques de cette époque.

Il expérimente par exemple avec les images psychédéliques et les intègrent vraiment bien dans son film (je déteste habituellement les images psychédéliques).

Le scénario tient sur un ticket de métro, il ressemble à celui de la série des films Fantomas, en gros un super méchant qui affronte un inspecteur, chacun des camps joue sa partition et essaye de déjouer l'autre.

Pourtant, à la différence de Fantomas, on est plutôt du coté des "méchants: le couple de voleurs est attirant et les autorités étatiques sont ridicules, il n'est pas interdit d'y voir un petit message anarchisant de la part de Mario Bava.Ou bien est ce simplement une illustration des errements des autorités d'alors face aux mouvements contestataires.

Je n'aime habituellement pas beaucoup l'esthétique des sixties parce qu'elle parait souvent datée.

C'est le cas ici aussi, il faut bien le reconnaitre, mais le coté "orfèvre" du réalisateur atténue la "ringardisation" de certains clichés.

Mario Bava invente un univers et y appose sa patte esthétique, ça n'est pas rien, quand on voit que beaucoup des films de cette époque ne sont plus regardables, sauf pour en rire.

Le film comporte par exemple des gadgets "à la James bond", c'est toujours intéressant de regarder rétrospectivement les visions futuristes qu'avait l'humanité dans le passé et de les comparer avec aujourd'hui, là dans ce film, l'ensemble dégage quelque chose de poétique ou d'irréel qui donne une singularité au film et a ses effets.

Ce film a longtemps été décrié, puis il a gagné avec le temps une réputation de film culte, il ne manque plus que Quentin Tarantino le cite pour qu'il soit totalement consacré.

Il devrait le faire parce que ce film semble faire parti de ses influences.

J'ai bien aimé ce film et son univers, je suis tenté par le remake italien récent pour comparer.

Post scriptum:

Ah, si il y a une chose de vraiment datée dans ce film: la place des personnages féminins.

Pour faire simple, c'est soit belle et tais toi, et si t'est idiote et superficielle, c'est encore mieux.

Même si le film est une simple fantaisie, les Femmes n'y sont pas à la fête, et c'est plutôt grossier.