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Que fêtent les chrétien·ne·s à Pâques ?


On me demande souvent, et je me demande souvent, ce qu’est le sens de la Croix et de Pâques. La version traditionnelle, c’est que Dieu s’est sacrifié lui-même à lui-même pour nous sauver de lui-même… et cette version aujourd’hui fait bien rire tout le monde. Moi ça me rend plus triste qu’autre chose, parce que l’image de Dieu que ça donne est tellement éloignée de celle que je trouve dans la Bible…


Je ne suis pas le premier à trouver ça problématique. En fait, c’est en débat *au sein du christianisme* depuis toujours, et on propose des alternatives depuis au moins le XIᵉ siècle, quand Anselme de Cantorbéry proposa une alternative à l’idée que Jésus se sacrifie en rançon. Alternative elle aussi problématique aujourd’hui, mais c’est le privilège inaliénable de chaque génération de relire les théologies des générations précédentes et de les faire évoluer. L’important, c’est qu’Anselme a ouvert une porte dans laquelle la théologie s’est engoufrée.


Anselme de Cantorbéry sur Wikipédia


Dans cet article je vous propose un résumé de ma réponse à la question « Qu’est-ce que les chrétien·ne·s fêtent à Pâques ? ».


Le monde est marqué par le mal d’une manière incroyablement profonde. Même en faisant attention, je participe malgré moi à 1001 crimes : mes habits sont fait avec un coton ramassé par un peuple génocidé, mon pamplemousse finance un autre génocide, la prospérité de mon pays repose sur l’exploitation néocoloniale, mes déplacements donnent des crises d’asthme à un enfant de ma ville, et chacune de mes actions participent au dérèglement climatique et à la destruction de la biodiversité. Cette réalité du mal inévitable c’est ce qu'en théologie on appelle le « péché ». Ça n’a rien à voir avec des petites fautes morales, ça n’a même en fait pas grand chose à voir avec la morale du tout. Et encore moins avec la sexualité. *Tous* mes actes sont marqués par le péché. Et mes non-actes aussi.


Dit comme ça, ça peut paraître profondément désespérant. Et ça l’est. En dehors du christianisme, si vous êtes dans des associations ou des mouvement politiques écologistes ou autres, je suis sûr que vous avez déjà croisé des personnes profondément désespérées parce que la lutte ne semble pas payer. Ou des personnes qui ont de la sympathie pour les luttes progressistes mais qui ne font rien, en se disant « à quoi bon ? ». Tant d’énergie dépensée, et pourtant toujours autant de féminicides, de viols, de pollution, de guerres, … L’espérance du christianisme, l’espérance de Pâques, c’est que les choses ne sont pas comme elles semblent l’être. Comme Jésus sur la Croix semblait être la fin de l’espérance et du message qu’il portait, mais en était en fait l’accomplissement. En mourant sur une Croix, et en en revenant glorieux, Dieu montre qu’il sait ce que nous traversons. Iel montre qu’iel souffre ce que nous souffrons. Iel montre que même dans les moments les plus sombres, les plus difficiles, iel est là, et qu’iel traverse ça avec nous. Et iel nous montre qu’il y a un chemin, une sortie, même si nous ne le voyons pas. Même si nous participons toujours au mal malgré nous, il y a du bien possible. C’est ça la Bonne Nouvelle de Pâques, en ressuscitant Dieu a tué la mort, il a montré un chemin certes difficile mais qui mène au meilleur. C’est un vaccin contre le désespoir et l’inaction.


Marx disait de la religion qu’elle était l’opium du peuple, et ça a été (que *c’est*) souvent vrai. Mais on voit bien que ce n’est pas nécessairement le cas !


Joyeuses Pâques à toutes et à tous !


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Auteur : Adou (CC BY-SA 4.0)


mailto:3x37zj4e@anonaddy.me


Sujet : Religion


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Date: 2024-03-30


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