28 juillet

haut mur gris

et grillage aussi

mais j'ai tout le ciel

pour moi tout seul

23 juillet

les martinets à toute bombe

dans une course tournoyante

découpent le ciel entre les toits

et reviennent encore

dans un nouveau courant d'air

avec à chaque tour un cri strident

pour célébrer les moucherons engloutis

14 juillet

on m'a dit #partageTonCiel

alors j'ai tendu des fils et des câbles

pour en découper des tranches

mais rien à faire

l'air libre file entre les nuages

7 juillet

du haut du pont

l'œil en plongeon

sous la lumière de midi

deux sombres poissons dérivent

dans le sens du courant

sous l'eau peu profonde

leur ombre grise les réplique

sur le fond clair et jauni

du fleuve affaibli

30 juin

soudain jeune fille bien droite

sur sa trottinette électrique

figure de proue fière et filant tout droit

superbe et sans vaisseau pesant pour la suivre

poitrine pointant vers plus loin

— l'autre bout du boulevard au moins

dans un glissement sans friction disparue

16 juin

la pie s'ébroue sur la branche

puis tombe comme une pierre

par petits bonds de lapin

elle pique les cerises

déjà dans l'herbe

c'est plus facile

alerte et fébrile

à ma vue elle s'enfuit

de plus lourds flap flap

pour décoller

9 juin

revoici la saison

où les chats disparaissent

ne laissant pour trace

que leur photo scotchée

sur les arbres et réverbères

posant avec le petit nom tendre que leur donnent

leurs humains éplorés et inquiets

appelez ce numéro merci

chats disparus peut-être

ou chats partis à l'aventure amoureuse

de leurs cris de désir déchirants comme les cris d'un enfant

ils agitent les nuits d'autres chats

eux aussi disparus dans le grand rut

des buissons odorants du printemps

2 juin

il penche

il marche en vacillant un peu

il penche côté gauche

puis il avance

il hésite au pas suivant

puis avance encore

la passerelle

qu'on appelle dans la ville le pont de fil

mais ce sont d'épais câbles en acier

qui le tiennent suspendu

la passerelle est longue

au-dessus des deux bras du fleuve

qu'une grande île allongée sépare

la passerelle est longue à qui marche avec peine

il marche il vacille un peu

puis s'arrête et s'allume une cigarette

il regarde le fleuve en bas

les faibles eaux qui passent

il regarde au loin là-bas

du côté de l'autre pont

le fleuve qui coule sage

entre d'énormes

arches de pierre

il avance encore sur la passerelle

il ne sait pas vers où il marche

ni s'il atteindra l'autre rive

il a quitté au matin

l’hébergement d'urgence

il marche en vacillant un peu

à chaque pas il penche

28 mai

à pas comptés

le long des fraisiers

le chat progresse

avec élégance

pas une patte ne touche

la moindre feuille

exactement à l'endroit choisi

posé sur son séant

il regarde ailleurs

très digne en chiant

quelques coups de griffe

dans la terre molle

suffiront à ses yeux

pour masquer son étron