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nous sommes

silhouettes sans grâce

d'argile ductile

images floues

derrière la vitre


nous sommes

ombres dansantes

sur l'instant indécis d'un matin

fendu cisaillé de pierre tranchante


nous sommes des paroles

qui en un jour s'étiolent

leur souffle seul demeure


sans mémoire

sans regret

nous marchons vers le soir

et le gris de nos vies disparaît dans la nuit



--------------


à la lisière des crêtes

le jour ouvre un œil bleu


les branches effarées se réveillent

d'un long engourdissement


le combat contre la brume opaque peut commencer


la colline hérissée nous donne la force

d'enfin déchirer les pesants nuages


------------.


bleu blanc gris fondus noyés

le lourd drapeau du ciel

s'abat sur la montagne


la brume basse

renonce à s'élever

et terriblement traîne


les arbres cherchent eux aussi

à respirer la lumière

qui peine à percer les sommets


-----------


on a parlé toute la nuit

au bord du fleuve autour du feu

assis sur le sable aux grains grossiers

entourés de nos sacs de couchage


que des riens sans importance

des saucisses des silences

le monde on l'a pas refait

juste être là ça suffisait


a-t-elle un instant souri

au milieu de la nuit

au bord du fleuve autour du feu

je ne sais plus

on a parlé toute la nuit

notre histoire était finie


le jour venu

je suis parti


de cette nuit

on n'a plus jamais parlé

jamais plus



-------------------


Nuages


1


les nuages se dérobent

se déforment s'effilochent

laissent place à d'autres nuages

qui glissent eux aussi

dans le ciel sur l'eau

à la surface de la rivière

à contre-courant


debout au bord

sans mouvement

je regarde passer

le temps qui me reste


2


des fantômes pâles

dérivant à la surface

— nuages sur l'eau


près du bord je vois passer

les ombres du temps qui reste


3


fugaces nuages

sur l'eau noire du ruisseau

images passées


-------------


nous sommes obstinés

nous sommes les arbres qui résistent

nos branches se gorgent d’espace incandescent

nos feuillages eux-mêmes

savent braver l'orage


sous la puissance de nos racines

les roches éclatent et se tordent

la falaise se fissure et s'écroule


par une brèche violente

s’ouvre la lumière blanche


-------------


pas possible

quelqu'un a dû gratter une allumette


le mur fait profil bas

et le trottoir s'enfuit


sur le jour laiteux

il explose dans le blanc

le printemps dépasse les bornes


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flaques et filets d’eau

par mille sillons de sable

rejoignent les flots


mais pleins de désir pour le ciel

au loin

au-delà de l'horizon

s’élèvent vers les nuages


dans l’air ce sont

puissants ruisseaux

fumeuses cataractes

enfin libres

dans le vent


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dressées vers le ciel

elles enguirlandent les nuages

— fleurs rouges de rage


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marchant vers le fleuve

me revient des jours lointains

l'odeur d'aubépine


demain voleront les fleurs

au gré d'un vent sans pitié




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